Chez le framboisier, les dommages de gel hivernal sont observés sur les tiges fructifères dès le début de la saison de croissance ou plus tardivement lors de la récolte. La majorité des dommages de gel hivernal survient avant ou après la période de dormance. Ils surviennent généralement lors de fluctuations de la température (période de gel et de dégel) ce qui augmente la respiration et diminue la réserve énergétique des plants ou lors de températures très froides. La tolérance aux températures froides des cultivars de framboisier varie beaucoup. Les framboisiers à fruits rouges tolèrent une température de -29 °C tandis que celle des framboisiers à fruits pourpres est de -23 °C et celle des framboisiers à fruits noirs est de -20 °C. Les framboisiers sont beaucoup plus tolérants aux basses températures quand ils sont complètement dormants. Le gel hivernal est occasionnel, mais peut être sévère. Des pertes de vigueur, de rendement et de résistance face aux agents pathogènes sont observées sur les plants qui ont subi un gel hivernal. Au champ, les plants sont distribués de façon localisée et éparse.

La gravité des dommages dépend de l’intensité du gel hivernal selon qu’il est partiel ou total.
 
Bourgeon : ne débourre pas, dessèche puis meurt.
 
Feuille : plus petite et jaunissement du limbe.
 
Fruit : faible cohésion entre les drupéoles (ressemble à la grenaille).
 
Tige : dépérissement de l’extrémité ou de toutes les tiges fructifères, soulèvement de l’épiderme et parfois brunissement du système vasculaire. Si le système vasculaire est affecté, les plants sont affaiblis et dépérissent lorsque les conditions climatiques sont difficiles (chaleur intense, déficit hydrique, vents, mise à fruits). Si le système vasculaire n’est pas affecté, il y a peu de symptômes.
 
Collet : extérieurement, le collet peut être brun et être pourri. Brunissement du système vasculaire.

Racine : faible développement, brunissement et pourriture potentielle des racines et radicelles.

Plant : faible croissance ou mortalité des tiges fructifères.

Les symptômes du gel hivernal peuvent être confondus avec le flétrissement verticillien (Verticillium dahliae – flétrissement et tige souvent bleutée), le pourridié phytophthoréen (Phytophthora fragariae var. rubi – dessèchement à partir du bas de la tige, absence de nouvelles tiges) et la tumeur du collet (Agrobacterium tumefaciens – présence de tumeurs ou de galles). Dans le cas de ces maladies parasitaires, le système racinaire est affecté, les plants malades apparaissent en foyer et la maladie progresse dans le temps. Dans le cas du gel hivernal, le système racinaire n’est pas affecté ni tué et il y a émergence de tiges annuelles. Finalement, le cultivar ‘Nova’ fleurit régulièrement à l’automne et l’extrémité de la tige meurt naturellement durant l’hiver ce qui peut être confondu avec un dommage de gel hivernal.

Différents facteurs ou conditions favorisent les dommages par le gel hivernal. Parmi les plus fréquents, il y a la localisation du site, le choix des cultivars, le type de sol (lourd, compacté ou mal drainé), le niveau d’endurcissement (aoûtement) des plants à l’automne, les excès d’azote à l’automne, les plants âgés ou malades et les conditions climatiques exceptionnelles (température très froide, grands vents desséchants).

Pour prévenir les dommages par le gel hivernal, il faut implanter la framboisière sur un sol bien drainé, peu exposé aux vents dominants (brise-vents naturels ou implantés), favoriser l’accumulation de neige dans la framboisière, choisir des cultivars adaptés pour la région (plus rustiques), éviter les fertilisations azotées en fin de saison, engazonner les allées et favoriser le bon développement des framboisiers tout le long de la saison.

Ellis M. A., Converse R. H., Williams R. N. & Williamson B. (Eds) (1991). Low-Temperature Injury (Winter Injury). Dans Compendium of Raspberry and Blackberry Diseases and Insects. APS Press. The American Phytopathological Society Press, St-Paul, Minnesota. p. 83-84.
 
Lambert L. (2007). Gel hivernal. Dans Guide des carences, désordres et problèmes de phytotoxicité du fraisier, du framboisier et du bleuetier. CRAAQ (Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec). p. 103-105.