La moelle noire est une maladie occasionnelle et mineure observée sur la tomate cultivée en serre, en tunnel ou en champ. Elle est vue plus fréquemment en serre et en tunnel à cause des grands écarts de températures entre le jour et la nuit et la forte hygrométrie enregistrée au printemps. La moelle noire affecte les plantes qui ont une croissance luxuriante causée par un excès d’azote. La maladie se manifeste habituellement juste avant la récolte, lorsque les fruits sont encore verts. Une caractéristique de la maladie est la formation de racines adventives sur la tige. Les racines peuvent demeurer à l’état d’ébauche, ce qui confère un état bosselé à la tige ou favoriser l’éclatement de l’épiderme de la tige. En plus de la tomate, le poivron et le chrysanthème peuvent être affectés. Les plants malades sont distribués de manière éparse. Les pertes de rendement sont peu importantes. La maladie peut régresser lorsque les plants sont légèrement atteints et que les conditions climatiques redeviennent clémentes.

Feuille : les symptômes débutent par un jaunissement des jeunes feuilles puis des feuilles plus âgées avec parfois du flétrissement. Un mucus bactérien blanc crème peut être produit au niveau des cicatrices foliaires. Le pétiole peut présenter des lésions allongées brunes à noires.
 
Fruit : présence de petites taches circulaires noires sur l’épiderme. Les taches sont délimitées par une pourriture molle. Sur les pédoncules, présence de lésions allongées brunes à noires. Les dommages sur les fruits sont plutôt rares.
 
Tige : sur l’épiderme, présence de lésions allongées brunes à noires souvent pourvues de racines adventives. Les zones affectées sont fragiles et peuvent se briser. La moelle devient brune à noire. Les tiges affectées sont généralement plus larges et aplaties. Dans la partie plus âgée de la tige, la moelle noircit et montre de grandes cavités formées à la suite du développement d’une pourriture des tissus médullaires. Les cavités alternent plus ou moins régulièrement avec des parties encore intactes ou montrent un effondrement complet des tissus brunis. Dans la partie plus jeune de la tige, coloration brun pâle de la moelle, sans formation de cavité dans la moelle. Normalement, la coloration noire de la moelle peut progresser jusqu’au niveau du sol, mais ne pénètre jamais dans les racines. Parfois, aucun symptôme externe n’est visible hormis la présence de racines adventives. Dans ces cas, une coupe longitudinale de la tige révèlera une moelle affectée.
 
Plant : est rabougri et avec un feuillage luxuriant. Dans les cas d’une grave infection, les plants peuvent mourir.

Sur les jeunes feuilles, les premiers symptômes de la moelle noire peuvent être confondus avec le chancre bactérien (Clavibacter michiganensis subsp. michiganensis). Un test diagnostique est requis pour confirmer la cause.

L’épidémiologie de la moelle noire est encore mal définie aujourd’hui. La bactérie Pseudomonas corrugata survit dans le sol et est transmise par le sol et l’eau. En champ et en serre, elle est dispersée par l’équipement contaminé durant la taille et la récolte et d’un plant à l’autre par l’eau d’irrigation et les éclaboussures. La bactérie pénètre dans la plante par les blessures présentes sur les racines, le collet ou la tige. Le développement de la maladie nécessite de grands écarts de température entre le jour et la nuit, une humidité relative élevée, une fertilisation azotée excessive et une irrigation par aspersion. La formation de racines adventives est causée par une accumulation d’auxine dans la plante.

Pour prévenir le développement de la moelle noire, il faut employer des semences et des transplants sains, des sols et des substrats offrant un bon drainage et utiliser judicieusement l’irrigation par aspersion. Assurer une fertilisation équilibrée, une ventilation adéquate, éviter les éclaboussures d’eau et de travailler les plants lorsqu’ils sont mouillés et éliminer les plants malades et les débris de culture. Il faut tout simplement éviter les conditions qui favorisent la condensation d’eau sur les plants et une croissance luxuriante.

Jones J. J., Zitter T. A., Momol T. M. & Miller S. A. (Eds) (2014). Tomato Pith Necrosis. Dans Compendium of Tomato Diseases and Pests. 2e éd. APS Press. The American Phytopathological Society Press, St-Paul, Minnesota. p. 60-63.
 
Richard C. & Boivin G. (1994). Moelle noire de la tomate. Dans Maladies et Ravageurs des Cultures Légumières au Canada. La Société Canadienne de Phytopathologie et la Société d’Entomologie du Canada, Canada. p. 375-376. (http://phytopath.ca/wp-content/uploads/2014/10/MRCLC/ch25-tomate-de-serre.pdf)

http://u.osu.edu/vegetablediseasefacts/files/2014/05/pithNecrosisFactSheet02-1wygptg.pdf

https://ag.umass.edu/vegetable/fact-sheets/tomato-pith-necrosis