Depuis la fin des années 2000, la brûlure des pousses du sapin est de plus en plus présente dans plusieurs régions du Québec, dont le Bas-Saint-Laurent, la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine, les Laurentides, la Chaudière-Appalaches et l'Estrie. Les principaux champignons responsables de cette maladie, Delphinella balsameae et Delphinella abietis, s’attaque spécifiquement aux aiguilles de l’année, très tôt après le débourrement. Normalement, la maladie est plus sévère chez les jeunes arbres. Toutefois, il n’est pas rare de voir des sapins âgés plus gravement affectés, car leur feuillage dense diminue la ventilation entre les arbres et augmente l’incidence de la maladie. L’infection débute habituellement sur les branches du bas et progresse vers le haut de l’arbre. Les dommages sont généralement sporadiques et distribués de manière éparse dans la plantation.
 

Aiguilles :
Les premiers symptômes (jaunissement et au dessèchement progressif des aiguilles) apparaissent habituellement au début juin, deux à trois semaines après l’infection.
 
Deux types de symptômes différents, la brûlure de la pousse et celle des aiguilles, peuvent se manifester selon le stade de développement des pousses au moment de l’infection par le champignon.

• La brûlure des aiguilles implique l’apparition d’un nombre variable d’aiguilles rouge-orangé sur la pousse de l’année. Celles-ci se dessèchent et chutent au sol. Aucun dommage n’est observé sur la tige.
• Pour la brûlure des pousses, les aiguilles et les pousses de l’année deviennent rouge orangé, puis se dessèchent et se recroquevillent rapidement. Ce sont les pousses au stade IV qui sont affectées. Celles-ci demeurent dans les arbres, mais prennent une coloration grisâtre l’année suivante.

 
Dans tous les cas, les aiguilles et les pousses mortes peuvent demeurer attachées à l'arbre pendant plusieurs années à la suite de l'infection.
 
Les fructifications foncées (périthèces) du champignon, qui se développent sur les bords de la face supérieure des aiguilles, sont visibles à l’œil nu. Celles-ci commencent à se développer 6 semaines après l’infection et deviennent matures le printemps suivant.

La brûlure des pousses peut être confondue avec des dommages de gel printanier des pousses. Dans ce cas, le dessèchement des pousses sera constaté sur un grand nombre d’arbres dans les zones topographiques plus à risque de subir le gel. D’autre part, la maladie peut aussi être confondue avec le rouge des aiguilles, qui mène au rougissement et au brunissement des aiguilles, mais qui vont toutefois garder leur forme initiale. La brûlure phomopsienne cause aussi le rougissement des pousses, mais celles de stade V. Finalement, les dommages de la tordeuse des bourgeons de l'épinette peuvent aussi ressembler à la brûlure des pousses.
 

Le développement de la maladie est favorisé par un printemps pluvieux durant la période de croissance des pousses.
 
Au printemps, lorsque les conditions climatiques sont favorables, des ascospores contenues dans les périthèces matures de Delphinella sp., provenant des pousses de sapin contaminées de l’année précédentes, sont dispersées par le vent et les éclaboussures de pluie. Les ascospores germent et infectent les aiguilles et les jeunes pousses sensibles. L’infection a lieu sur les aiguilles de l’année, tôt après le débourrement, et la propagation peut se poursuivre durant quelques semaines, ce qui concorde avec la période d’éjection des ascospores, qui s’étale du début du débourrement jusqu’au stade IV de développement des pousses.
 
Environ six semaines suivant l’infection, le champignon produit des fructifications noires (périthèces) sur les bords de la face supérieure des aiguilles. Ces fructifications contiennent les ascospores qui seront libérées au printemps suivant.
 

Pour diminuer l’incidence de la brûlure des pousses dans les plantations de sapin, il faut éliminer les sapins baumiers sauvages contaminés dans la bordure du boisé entourant la plantation, privilégier un espacement minimal de 1,5 m (5 pi) entre les arbres et de 1,7 m (5,5 pi) entre les rangs et finalement retirer et brûler rapidement les arbres gravement atteints avant la chute des aiguilles.
 
Il est recommandé de consulter un conseiller spécialisé si vous souhaitez établir une stratégie de contrôle qui comprend l’utilisation des fongicides.
 

Pettigrew, A., Choquette, D. & Briand N. (2014). Ravageurs, maladies et ennemis des arbres de Noël au Québec. Association des producteurs d’arbres de Noël du Québec. 130 pp.
 
Bulletin RAP Arbres de Noël – Brûlure des pousses du sapin :
https://www.agrireseau.net/documents/Document_100042.pdf